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27 mars 2016 7 27 /03 /mars /2016 17:00

Alors que l'écriture de son roman "Rien ne s'oppose à la nuit" l'a fragilisée au point de ne plus pouvoir rédiger la moindre ligne ni prendre la parole en public, Delphine de Vigan fait la connaissance de L. L'auteur raconte comment elle a vécu, des mois durant, sous l'emprise de cette femme qui prétendait être son amie.

"L. m'était devenue nécessaire, indispensable. Elle était là. Et peut-être avais-je besoin de cela : que quelqu'un s'intéresse à moi de manière exclusive. N'abritons-nous pas tous ce désir fou ? Un désir venu de l'enfance auquel nous avons dû, parfois trop vite, renoncer."

Dans des moments difficiles, n'importe qui peut-il se laisser manipuler par une personne malveillante ? Ne plus être capable de faire preuve du moindre discernement ? Après lecture de ce roman, la réponse est oui. Quelqu'un peut, un jour, s'introduire dans votre vie et en prendre le contrôle. Parvenir à vous persuader qu'il ne veut que votre bien alors qu'il cherche à vous nuire. Mentir sans vergogne. Semer le trouble dans votre tête. Et même amener vos proches à douter de votre santé mentale.

"Face à moi, François affichait cette moue de perplexité que je connais bien. J'ai senti qu'il ne prenait pas la moitié de mon récit au sérieux. Il m'a demandé plusieurs fois, sous couvert de plaisanterie, si L. n'était pas un homme."

Dans cette suite autobiographique, rédigée comme un thriller psychologique, la tension s'installe au fil des pages et le malaise grandissant gagne le lecteur. Un récit parfaitement bien construit et qui fait froid dans le dos.

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8 février 2015 7 08 /02 /février /2015 19:51

En septembre dernier, au Livre sur la Place, à Nancy, j'espérais échanger quelques mots avec Olivier Adam, comme j'avais pu le faire deux ans plus tôt, lors de la parution de son précédent livre "Les Lisières". Me suis donc éclipsée un moment du chapiteau des auteurs inconnus pour me rendre dans celui des auteurs renommés. Mais, pour obtenir une dédicace, il aurait fallu, cette fois-ci, patienter un bon moment. Alors, je me suis contentée d'une photo, avant de regagner mon propre stand... où personne ne m'attendait. Lui, Olivier, ça l'a bien fait marrer !

J'ai lu "Peine perdue" d'Olivier Adam

Quatre mois plus tard, j'ai lu "Peine perdue", son dernier roman, dont l'action se déroule dans une petite station balnéaire de la Côte d'Azur. Dans ce livre, il dresse le portrait de vingt-trois personnes, des hommes et des femmes, tous en proie aux difficultés de la vie. 

Le premier de la série, c'est Antoine, un trentenaire à la dérive, largué par sa copine, viré par son patron un an plus tôt et tout juste suspendu de son club de foot pour violence sur le stade. Le personnage suivant, c'est Marion, l'ex d'Antoine, la mère de son fils. Elle est anxieuse, elle doit partir au travail et Antoine est en retard pour récupérer Nino. Mais il ne viendra pas, il a été sauvagement agressé sur la plage. Et aux autres personnages de se succéder. De se débattre, à leur tour, dans les problèmes du quotidien, de dévoiler leur mal-être et leurs combats.

Comme en écho à ce tourbillon de vies cabossées, la tempête se lève, menace de tout emporter, fait des victimes  :

"Maintenant les vagues se fracassent contre le vitres de la salle du haut, où trois clients sont assis au bar, des curieux venus voir la mer déchaînée de près et entrés s'abriter pour contempler tout ça au sec. Le ciel violine et l'eau gris-noir déferlant à toute allure".

"Son regard s'égare dans le vide, s'évade par la fenêtre de la chambre et va se planter dans les lointains. Laure lui parle et il lui répond mais c'est comme s'il n'était pas là. Comme s'il avait disparu. Son esprit capté. Capturé par les flots. Dérivant quelque part dans les tréfonds de la nuit ou repose désormais sa femme."

414 pages bien rythmées. Un style toujours aussi incisif. Bref, une plume que j'apprécie.

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19 juillet 2014 6 19 /07 /juillet /2014 08:47
J'ai lu "La maison atlantique" de Philippe Besson

Découvrir "le nouveau Philippe Besson", c'est toujours pour moi la promesse d'un excellent moment de lecture. "La maison atlantique", n'a pas échappé à la règle. Dans ce roman, un homme revient sur les dernières vacances passées avec son père, dans une villa sur la côte atlantique :

C'est l'été. Il a dix-huit ans et aurait préféré la compagnie de ses copains à celle de son père. Car il nourrit une haine féroce contre celui qu'il rend responsable du décès de sa mère. Tout au long du récit, le jeune homme dresse le portrait peu flatteur d'un mari infidèle et d'un papa absent. Un être dépourvu de sentiments, uniquement préoccupé par son métier et par la conquête des femmes : "Dans ses activités d'avocat d'affaires, il était habitué aux raids, aux guerres éclairs ou de position, aux attaques brutales ou sournoises, à l'épuisement de l'adversaire, aux stratégies alambiqués et aux tactiques peu regardantes, aux annexions, aux appropriations, aux conquêtes. Il lui fallait remporter une victoire, et c'était le plus souvent au détriment d'un autre."

Dans la "maison atlantique", l'adolescent s'ennuie ferme. Il rumine sa colère et son chagrin : "Le matin, je me levais très tard, lézardant dans ma chambre, englué dans des demi-sommeils. Le soleil enfin réapparu filtrait à travers les rideaux et déposait un peu de jaune sur le parquet, sur les draps. Mes vêtements débordaient de mon sac de sport, des caleçons et des chaussettes traînaient un peu partout. J'avais reconstitué, sans m'en rendre compte, le désordre de l'appartement parisien. Je cherchais inconsciemment à renouer avec un décor familier, pour ne pas me croire prisonnier de cet exil maritime."

La rencontre avec une jeune fille le distrait quelque peu : "Je suis entré dans cette relation avec une désarmante facilité. Pas d'hésitation. Pas de fausse galanterie. Pas de délai de décence. Le désir l'a emporté sur toute autre considération. Et puis, c'étaient les vacances. Le temps nous était compté. Les sentiments étaient secondaires." Les rapports avec son père restent néanmoins très tendus. C'est alors qu'un couple de trentenaires emménage dans la maison voisine. La jeune femme est attirante et l'avocat d'affaires n'a pas manqué de le remarquer...

On retrouve dans ce roman quelques éléments du précédent livre de Philippe Besson : l'ambiance maritime, la chaleur estivale. Le style, toujours aussi dépouillé, fait mouche. Des phrases courtes, cinglantes, qui permettent de construire un huit-clos oppressant, de faire naître une tension palpable, d'embarquer le lecteur dans un engrenage fatal.

Un excellent livre à emporter dans ses valises. J'aurais bien repris un autre Philippe Besson dans les miennes, mais j'ai déjà tout lu de cet auteur. Alors vivement le prochain !

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8 juin 2014 7 08 /06 /juin /2014 06:33
J'ai lu "Le collier rouge" de Jean-Christophe Rufin

Dès les premières pages du livre, l'accent est mis sur un chien qui aboie inlassablement, près de la prison militaire où son maître est incarcéré :

A une heure de l'après-midi, avec la chaleur qui écrasait la ville, les hurlements du chien étaient insupportables. Il était là depuis deux jours, sur la place Michelet, et depuis deux jours, il aboyait. C'était un gros chien marron à poils courts, sans collier, avec une oreille déchirée. Il jappait méthodiquement, une fois toutes les trois secondes à peu près, d'une voix grave qui rendait fou.

Nous sommes en 1919, dans un petit village du Berry. C'est l'été et un juge se présente pour rencontrer Jacques Morlac, le propriétaire du chien. Une première entrevue au cours de laquelle le prisonnier se montre peu loquace. Son cas semble sortir de l'ordinaire. Décoré de la Légion d'honneur pour acte de bravoure durant la guerre, rien ne le prédestinait à se retrouver en prison. Pourquoi est-il résigné à son sort ? L'homme de loi va prendre son temps, écouter, parler, enquêter, retrouver une femme que le détenu a aimée et peu à peu démêler les fils de l'histoire, une histoire à laquelle le chien n'est pas étranger :

Le juge avait très mal dormi. Un groupe de fêtards avait braillé sous sa fenêtre au milieu de la nuit et il n'avait pas pu trouver le sommeil ensuite. Il pensait à ce Morlac, à son refus de saisir les perches qu'il lui avait tendues. Pourquoi n'acceptait-il pas de dire qu'il était ivre ? Pourquoi ne pas avouer qu'il nourrissait une véritable passion pour son chien et que cela lui avait fait perdre un instant la tête ? Il écoperait d'une peine légère et on n'en parlerait plus.

Un magnifique roman, servi par une écriture fluide. Un récit dépouillé et fort, dans lequel l'auteur, qui s'est inspiré d'un fait réel, souligne l'absurdité de la guerre.

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28 janvier 2014 2 28 /01 /janvier /2014 06:59
J'ai lu "Plonger" de Christophe Ono-Dit-Biot

Le lecteur apprend dès la première page que le narrateur a perdu sa femme, retrouvée morte sur la plage d'un pays arabe. Que s'est-il donc passé ? César va remonter le fil du temps pour raconter à son fils Hector l'amour passionnel qu'il a vécu avec sa mère.

Paz est une photographe talentueuse et en passe de devenir connue lorsque son chemin croise celui de César, journaliste. Très attiré par la belle Espagnole, ce dernier parvient à retrouver sa trace, se rend à l'une de ses expositions et achète l'une de ses photos. Il publie ensuite un article élogieux à son endroit mais, contre toute attente, l'artiste lui adresse une lettre de mécontentement : Vous n'avez rien compris à mon travail mais votre texte était beau. Si vous êtes l'homme élégant qui a acheté ma photo, il me semble indispensable de corriger votre jugement qui me porte un grave préjudice artistique.

Malgré cette première approche quelque peu déstabilisante, suivie d'une entrevue assez houleuse, César finit par séduire la jeune femme. Les amants vivent durant deux années un amour sans faille avant de connaître leurs premiers différents : Paz ne rêve que de contrées lointaines alors que César, fatigué de parcourir le monde et de côtoyer la misère, aspire à une vie empreinte de tranquillité. Son regard s'était chargé de nuages. Je commençais à découvrir l'un de ses traits de caractère : l'instabilité d'humeur. Elle passait d'un état émotionnel à un autre avec une rapidité confondante. Cela devait l'aider dans sa vie d'artiste, mais dans la vie conjugale, cela donnait au partenaire l'impression de s'initier au rodéo.

Lors d'une exposition internationale à Venise rassemblant les artistes les plus en vu dont Paz fait désormais partie, les relations entre le couple s'enveniment. Mal dans sa peau et lassée par l'environnement artificiel dans lequel elle évolue, la photographe s'éclipse sans rien dire pour se réfugier... dans le ventre d'une baleine, oeuvre d'un sculpteur présent à l'exposition. César finit par la retrouver et la rejoint dans cet espace insolite. La fantastique sculpture est entourée d'une clôture métallique, que j'enjambe. Mes pas s'enfoncent dans le sable.Il crisse. Je distingue maintenant parfaitement l'animal. Oeil ouvert sur sa tête colossale en forme de hache polie néolithique. Gueule ouverte aussi, rose, avec la mâchoire inférieure comme un clapet garnie de dents coniques. Des cicatrices plein le mufle, séquelles de ses combats abyssaux avec les calmars géants. Je repère l'ouverture ronde, un sas étanche comme dans les sous-marins. J'y glisse la clef pour déclencher le mécanisme d'ouverture et tourne délicatement le volet d'obturation. J'entre dans le ventre de la baleine.

Les incompréhensions dans le couple se multiplient : César veut devenir père, Paz n'a aucun désir de maternité, seul compte pour elle le requin qu'elle vient d'adopter ! Je ne sais pas comment cette idée avait pris racine en elle. Au point de l'obséder. Je ne sais pas d'où surgissait cette subite passion pour les squales. Et lorsqu'elle se retrouve enceinte, contre sa volonté, sa passion pour les requins s'amplifie. J'ai découvert que Paz surfait depuis des mois sur des sites consacrés au système de reproduction des requins. Au lieu de savoir comment son foetus à elle se portait, comment il évoluait, elle se promenait quotidiennement sur vingtmilleoeufssouslesmers.com, qui évoquait notamment, avec moult détails, le développement embryonnaire des squales et la différence entre les espèces ovipares, vivipares, et ovovivipares.

César sent que Paz lui échappe et broie du noir : Dans la sphère privée, je ne voyais que des gens qui se séparaient. Dans la sphère professionnelle, on s'entre-déchirait. Tout le monde avait peur. Les incertitudes financières, les climats perturbés - pluies torrentielles à Amman, Jordanie, ce matin encore - , les migrations de millions de pauvres hères dans lesquelles d'autres millions de gens voyaient un vol de criquets, une nouvelle plaie d'Egypte, n'arrangeaient rien à l'affaire. Il fallait cuirasser, jour après jour, coûte que coûte ses petits intérêts socio-économiques.

Un jour, Paz part pour une destination inconnue de César, qui reste seul avec leur enfant.

J'ai été happée par l'histoire et j'ai été conquise par les personnages. On suit avec intérêt l'évolution de ce couple puis l'enquête que mène César pour comprendre pourquoi la mère de son fils est partie et comment elle a pu perdre la vie. La fin m'a pourtant un peu déçue.

Le livre a reçu le Grand Prix du roman de l'Académie française et le prix Renaudot des lycéens.

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22 novembre 2013 5 22 /11 /novembre /2013 18:30
J'ai lu "Nous n'étions pas armés" de Christine de Védrines

Vous souvenez-vous de cette famille de onze personnes victime d'un redoutable manipulateur durant neuf ans ? La presse les avait surnommés "Les reclus de Monflanquin". Deux d'entre eux, Christine et Charles-Henri de Védrines, sont venus apporter leur témoignage à Verdun, le 18 octobre dernier, lors d'une conférence organisée par l'association Secticide qui lutte contre les dérives sectaires depuis déjà de longues années. Des propos poignants et terrifiants, complétés par les explications éloquentes de Daniel Picotin, exfiltreur et avocat des victimes.

Christine de Védrines, dans son livre "Nous n'étions pas armés", retrace le long calvaire qu'elle a vécu avec ses proches : la rencontre avec le manipulateur, son impuissance à dessiller les yeux de son mari, la dépossession progressive de tous les biens du couple, leur vie à Oxford, sous la coupe de l'individu sans foi ni loi qui les gruge et monte les membres de la famille les uns contre les autres, sa fuite seule, l'exfiltration de ses proches, réalisée par une équipe de spécialistes et sa reconstruction.

Mais comment une famille respectable et bien installée socialement a-t-elle pu sombrer dans un tel drame ?

Il nous fallait regarder les choses en face : telle qu'on pouvait la lire dans la presse, ou même en écoutant les témoignages, notre histoire offrait des apparences difficiles à comprendre : une famille d'aristocrates, fortunée au regard aujourd'hui du citoyen moyen, se laisse gruger par un personnage falot, peu séduisant, gobe toutes les insanités qu'il leur débite pour finir esclavasigée par lui. Notre naïveté désarmée pourrait prêter à sourire. Même nous, le retour sur le déroulement de l'affaire nous laissait encore incrédules ! Et pourtant, cela avait existé, nous étions des gens normaux, avec un niveau d'études élevé. Non, ça n'arrivait pas qu'aux autres.

L'ouvrage de Christine de Védrines, tout comme les propos tenus par Maître Picotin lors de la conférence, avec notamment une information sur "l'abus de transfert", m'ont permis de mieux comprendre comment ces hommes et ces femmes avaient pu se laisser berner de la sorte.

Selon les experts, 80 % d'entre nous peuvent être, un jour, victimes d'une emprise mentale. Les manipulateurs et gourous en tout genre fleurissent un peu partout en France sans inquiéter pour autant les pouvoirs publics. Trop peu de moyens sont actuellement déployés pour lutter contre ce fléau et le mécanisme de l'emprise mentale est encore méconnu des psychiatres, des avocats, des gendarmes...

Sans le courage de Christine de Védrines, qui a su faire preuve d'une force de caractère exceptionnelle pour se sortir des griffes de l'individu sans foi ni loi qui l'a affamée, battue, empêchée de dormir, salie auprès de ses proches et ruinée, que serait devenue cette famille ?

Le livre s'achève sur les témoignages successifs des trois enfants et de leur père. Malgré cette expérience des plus traumatisantes, la famille reste soudée et chacun de ses membres se reconstruit petit à petit.

Charles-Henri conclut avec la phrase suivante : Aujourd'hui, être cinq à lutter ensemble et à croire en demain alimente ma force. Le gynécologue, devenu jardinier en Angleterre et contraint là-bas de reverser 90 % de son salaire à l'escroc qui le manipulait, a aujourd'hui retrouvé ses patients à Bordeaux. Car, à l'âge où il était en droit d'aspirer à une retraite paisible et confortable, il a dû reprendre son métier de gynécologue pour survivre.

Si vous souhaitez avoir plus d'informations sur l'emprise mentale et les dérives sectaires, voici l'adresse du site de Secticide : http://secticide.pagesperso-orange.fr/

Cette association, qui a vu le jour en 1994, se donne, entre autres, comme objectif "d'assurer par toute action éducative et sociale (conférences, colloques, expositions) l'information claire et objective du citoyen en vue de démasquer les pièges que lui tendent les sectes qui cherchent à l'asservir et à l'exploiter".

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28 octobre 2013 1 28 /10 /octobre /2013 15:55
J'ai lu "Reste l'été" de Nicolas Le Golvan

Comme chaque été, le narrateur, sa femme et leurs deux enfants sont en vacances dans leur maison de l'île de Ré. Mais, cette année, rien n'est plus comme avant, le couple est à la dérive. "Aujourd'hui, c'est bien l'été que je redoute, l'été qui nous a déjà pris. Comme chaque année, Mylène et moi nous sommes pressés de rejoindre l'île pour nous y retrouver, laisser agir le charme. Je ne sens plus rien."

Au fil des pages, le quadragénaire nous livre ses sombres états d'âme. "Aujourd'hui, je ne vibre plus tant et chaque projet de départ me fait réellement peur. Nos albums ventrus me suffisent. Mes talons s'enfoncent machinalement dans le sable. Je n'y arrive plus." "L'amour est encore puissant, enveloppant, sonore et odorant, mais loin comme la marée, qui revient encore".

L'arrivée d'un couple d'amis ne parviendra pas à sortir le père de famille de sa torpeur, tout juste servira-t-elle à raviver quelques souvenirs heureux. "Depuis presque dix ans, ils se glissent dans nos derniers jours de vacances, comme au temps où ils prenaient notre suite à la cabane. On la leur prêtait volontiers. Trois jours de promiscuité joyeuse, un matelas gonflable dans le salon".

Les images de son passé se bousculent dans sa tête : la rencontre avec sa femme, ses vacances, petit garçon, dans cette même maison, mais aussi le souvenir douloureux d'un père qui part alors qu'il n'a que neuf ans. Va-t-il lui aussi faire subir le même sort à ses enfants ? Resté seul sur l'île, il continue à réfléchir et finit par prendre une décision. Reste à l'annoncer à sa femme.

J'ai beaucoup aimé l'écriture de l'auteur qui a su trouver un style propre, riche et imagé pour décrire son désarroi face à ce quotidien qu'il ne supporte plus.

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7 octobre 2013 1 07 /10 /octobre /2013 18:31
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils

"Il y avait quelque chose de mystique, de sacré dans cette fulgurante rencontre de l'Ascension et de la Pentecôte. Oui, telle une caresse de l'invisible, il avait ressenti pour la première fois le frémissement de la grâce". Cette phrase de Jean-Christian Petitfils résume à elle seule le sentiment intense qui envahit Henri Fournier - connu sous le pseudonyme d'Alain-Fournier - lorqu'il croisa la route d'Yvonne Toussaint de Quiévrecourt dont il tomba éperdument amoureux et dont il s'inspira pour écrire "Le grand Meaulnes". Il lui enverra d'ailleurs le premier exemplaire de son oeuvre.

En plus d'évoquer la folle passion d'Alain-Fournier pour cette femme qui incarnait son idéal féminin, l'auteur relate, dans cet ouvrage à l'écriture délicieuse, le séjour à Londres du jeune homme, ses premières lectures, ses débuts d'écrivain, ses expériences amoureuses et sa mort au champ d'honneur en 1914.

C'est dans la Nécropole de Saint-Rémy-La-Calonne, tout près de Verdun, qu'il repose avec ses compagnons d'armes.

J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils

Ce n'est qu'en 1991, après de longues recherches, que sa dépouille et celles de vingt autres soldats ont été découvertes dans le bois de Saint-Rémy. L'endroit est devenu un mémorial : l'ancienne fosse commune a été recouverte d'un dôme en verre et un monument a été érigé. Sur le tronc d'un arbre, un panonceau a été accroché, on peut y lire une phrase de Pauline, la maîtresse d'Alain-Fournier.

J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils

A l'arrière de l'ancien lavoir de Saint-Rémy-La-Calonne, un Jardin Littéraire a été créé en 2011. Il regroupe 16 panonceaux présentant des extraits d'écrits d'écrivains emblématiques de la grande guerre. Des auteurs français tels que Maurice Genevoix, Louis Pergaud, Jean Giono..., mais aussi des auteurs allemands et anglais.

J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
J'ai lu "Le frémissement de la grâce" de Jean-Christian Petitfils
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20 juillet 2013 6 20 /07 /juillet /2013 07:00

Veuf"Le jour où l'eau courante ne court plus on regrette sa fraîcheur, quand la lampe s'éteint on regrette sa lumière, et le jour où sa femme meurt, on se rend compte à quel point on l'aimait. C'est triste de penser qu'il faut attendre le pire pour enfin comprendre."
Dans "Veuf", Jean-Paul Fournier nous fait part de son désarroi à la suite de la mort brutale de son épouse, après quarante ans de vie commune. Il nous livre ses sentiments avec pudeur et dérision, évoque le manque de l'autre dont il ravive le souvenir à travers les moments de bonheur ou les objets du quotidien :
"Chaque fois que je vois des affaires à toi, j'ai du chagrin, sutout ton sac à main. Chaque fois que je rentrais à la maison et que je le voyais, assoupi sur une chaise de l'entrée, j'étais rassuré, tu étais là. Maintenant, ton sac est toujours là, mais pas toi."
Ressurgissent également les habitudes instaurées dans son couple :
"Tu te souviens de nos douches, chacune à un étage différent ? Elles ne s'entendaient pas, on ne pouvait pas les utiliser en même temps, j'étais obligé de te demander si je pouvais prendre ma douche. Maintenant, je peux tout le temps, mais je n'ai plus envie de douche, je préfère mariner dans mon bain".
Il relate aussi les réactions de son entourage, de la plus maladroite à la plus attendrissante :
"Il y a celui qui vient me consoler. Pour faire couleur locale, il a mis sa tête d'enterrement. Il pose sur mon épaule une grosse main molle, "Mon pauvre vieux". J'ai envie de lui répondre que je ne suis pas son pauvre ni son vieux. Il trouve les phrases qui revigorent : "Qu'est-ce que tu vas devenir tout seul ? Actuellement tu es pris par les démarches, tu as beaucoup de monde autour de toi, tu n'as pas le temps de penser à ton malheur, mais après, tu vas voir, c'est là que va être le plus dur".

Un très beau livre, tendre et poignant, qui traite de la difficulté de survivre à la perte d'un être cher.

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20 mars 2013 3 20 /03 /mars /2013 17:57

Philippe besson de là, on voit la mer"Quand l'histoire commence, on est dans la violence de l'été, l'extravagante violence des étés italiens. Le soleil frappe si fort qu'il rend insoutenable au regard le blanc des façades alentour. Il fait aussi la pierre brûlante : impossible d'aller pieds nus. La mer au loin est étale, striée de reflets, on dirait des diamants. Et puis, il y a ce bleu, le bleu du ciel, partout, sans taches, électrique, tellement pur. Et pas un souffle d'air."
Ainsi débute "De là, on voit la mer", le dernier livre de Philippe Besson.  Dès l'incipit, le cadre du roman est planté et le lecteur déjà embarqué dans l'histoire. Les phrases accrochent, donnent envie de tourner les pages sans s'arrêter. Le style est musical et terriblement envoûtant. On perçoit, derrière le récit, le travail d'un orfèvre des mots. Pas la moindre lourdeur grâce à un savant dosage de l'écriture. Mais quid de l'histoire ? 
Louise a la quarantaine et elle est écrivain. Lorsque l'inspiration se manifeste, elle a pour habitude de partir s'isoler loin de chez elle, abandonnant François, son époux, qui au fil du temps, s'est fait une raison. Son point de chute, cette fois, la villa toscane d'une amie. Dans la chaleur accablante de la fin de l'été, Louise s'adonne à son travail d'écriture, ne s'interrompant que pour échanger quelques mots avec Graziella, la gouvernante, ou pour aller marcher sur le front de mer. Luca, le fils de Graziella, vient un jour annoncer que sa mère, victime d'un accident, ne pourra s'acquitter de sa tâche. Peu de temps après, il revient... Débute alors une liaison entre Louise et Luca, futur jeune officier de la Marine militaire, âgé de vingt et un ans.
"Il est là, planté au milieu du séjour, dans le blanc de son uniforme, avec un sourire impossible et elle sait que l'histoire a commencé. Elle a écrit trop de livres pour ne pas comprendre que l'histoire a commencé."

La quadragénaire vit cette aventure sans la moindre culpabilité, elle qui pourtant n'avait encore jamais succomber à l'adultère. Pas préoccupée non plus par la différence d'âge. Mais un appel téléphonique interrompt brutalement l'insouciance des amants. François a eu un accident de la circulation, il est hospitalisé. Louise prend le premier avion pour Paris.  
Philippe Besson est l'un de mes auteurs préférés. J'aime son écriture fluide, l'atmosphère qu'il parvient chaque fois à instaurer dans ses romans et les subtils portraits qu'il brosse de ses personnages.  
 

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Biographie

1963 : Naissance à Le Mazeau (85)

De 1984 à aujourd'hui : Enseignante en Sciences de Gestion (Lycée Sainte-Anne - Verdun)

De 2011 à aujourd'hui : Documentaliste (Lycée Sainte-Anne - Verdun)

Depuis 2009 : Auteur, Editions Chloé des Lys (Barry - Belgique)

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